Au Soudan, Khartoum se vide de ses habitants. Tous les cessez-le-feu ont été violés.
Les civils tentent de fuir les combats alors que tous les cessez-le-feu annoncés ont été violés par les forces des deux généraux rivaux.
Un engrenage s’est enclenché au Soudan que rien ne semble pouvoir arrêter. Pas même les commandants des deux armées qui s’affrontent. Depuis samedi 15 avril et le début des affrontements entre les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), menés par Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », les trois cessez-le-feu qui ont été annoncés ont volé en éclats.
Cinq jours durant depuis samedi, les habitants de la capitale, Khartoum, où se concentrent avec le Darfour la plupart des combats, n’ont eu aucun répit. L’armée régulière multiplie les frappes aériennes sur les positions des FSR, désormais considérées comme des rebelles par l’état-major. Les paramilitaires y répondent avec leurs canons antiaériens et des salves de tirs à l’arme lourde.
Les deux camps procèdent à des tirs d’artillerie au milieu des habitations. Des ambassades ont été touchées. Des obus tombent au hasard, éventrant les maisons, soufflant les toitures. Près de 300 personnes ont déjà été tuées dans les affrontements et plus de 3 000 blessées, selon l’Organisation mondiale de la santé. Trente-neuf hôpitaux sur les 59 que compte la capitale ne sont plus opérationnels, privés d’électricité, de personnel et de matériel. Neuf d’entre eux ont été bombardés. Certains civils blessés par des balles perdues se traînent jusqu’aux urgences pour se retrouver face à des portes closes et devoir rebrousser chemin.
Evacuations délicates
S’extirpant de l’enfer des combats, laissant des cadavres de soldats gisant dans la poussière et des carcasses de blindés calcinés, des milliers de personnes ont fui la ville. Pendant des décennies, Khartoum a accueilli les centaines de milliers de Soudanais déplacés par les conflits armés ayant fait rage aux quatre coins du pays. Elle se vide, pour la première fois de son histoire, de ses habitants.
Les FSR, qui contrôlent une grande partie du centre de la ville, ont annoncé la création d’un numéro d’urgence pour évacuer des civils en détresse. Au même moment, leurs soldats continuaient de pénétrer dans des habitations, s’adonnant aux pillages, arrêtant arbitrairement des habitants et utilisant certaines maisons comme centres d’opération. Des travailleurs humanitaires ont été attaqués et plusieurs agressions sexuelles recensées, dont un cas de viol impliquant une expatriée japonaise. Le gouvernement nippon est le premier à avoir déclaré mercredi 19 avril qu’il s’apprêtait à évacuer ses ressortissants.